Un peu plus de minutes avant l’après – Iconoscope, Montpellier

   Un peu plus de minutes avant l’après * – Exposition personnelle galerie Iconoscope, Montpellier

« … Or, voici l’image que j’appelle un objet matériel, j’en ai la représentation.
    D’où vient qu’elle ne parait pas être en soi ce qu’elle est pour moi ? C’est que
    solidaire de la totalité des autres images, elle se  continue dans celles qui la
    suivent comme elle prolongeait celles qui la précèdent. Pour transformer son
    existence pure et simple en représentation, il suffirait de supprimer tout d’un coup
    ce qui la suit, ce qui la précède, et aussi ce qui la remplit, de n’en plus conserver
    que la croûte extérieure, la pellicule superficielle… Matière et mémoire
 Henri Bergson

    Au cours des ses déambulations, Ninon Hivert photographie des objets, des
    vêtements abandonnés, points de départ de ses sculptures en céramique,
    emblèmes sociologiques de notre quotidien contemporain.

    … J’entrevois la compréhension du réel en quelque sorte dans une redite,
    le refaire, par l’utilisation sans autre étape que le montage progressif de
    cette pâte molle et organique qu’est la terre…
 Ninon Hivert

     A partir des relevés photographiques, elle modèle avec l’argile, l’objet ou
     le vêtement, interprétant une perception visuelle par le geste. 

     …Le retard sur l’image est toujours très important pour moi, il suppose que
    je travaille à l’aveugle et c’est là où la main est importante, normalement
    c’est elle qui touche et qui prend la place du regard qui ne peut pas encore
    voir l’image. C’est en quelque sorte une prise de rendez-vous avec
    une perception qui ne peut pas encore avoir lieu… 
Ninon Hivert

     Les vêtements ou les objets sont comme estampillés par leur propriétaires
     anonymes, il conservent les traces de leur utilisation.  

     Le temps étiré du modelage puis de l’émaillage ouvre grâce au processus
     artisanal un espace de mémoire, d’imaginaire et d’imprévu. Les choses banales
     de notre quotidien, comme pétrifiées, recouvrent alors une aura.

     Viennent ensuite les spectateurs qui dans une chorégraphie animent
     les sculptures semblables à des coquilles minéralisées. 
     Telles des vestiges archéologiques du présent, avec leur formes, leurs couleurs,
     leur textures, leur brillance, leur matité, elles nous invitent à découvrir
     une matérialité des images devenues objets dans un monde de plus en plus
     standardisé et dématérialisé où les images virtuelles saturent notre
     environnement par l’omniprésence des écrans.  
     Les sculptures images-objets de Ninon Hivert activent la prise de conscience
     de la matérialité de notre propre corps et des objets, prolongements primordiaux et
     indispensables intimement liés à notre vie et notre histoire.  » Sylvie Guiraud, Iconoscope